8 décembre 2020
Critique Ciné-confinés « Festen » – Pour aller plus loin
Vous appréhendez les fêtes de Noël en famille ? Le meilleur remède : revoir « FESTEN » !
Critique ciné-confinés #46 – FESTEN de Thomas Vinterberg
Coup de d’Audrey Bénesse, directrice artistique et programmatrice d’Atmosphères 53.
Le réalisateur danois, Thomas Vinterberg, fondateur avec Lars Van Trier du Dogme95, manifeste d’opposition radicale à l’esthétique d’Hollywood et des avant-gardes européennes, a marqué les esprits et l’histoire du cinéma, en 1998, avec « Festen ».
A la manière d’un film amateur de famille, la caméra à l’épaule flottante nous immerge dans la rigidité morbide de la petite bourgeoisie danoise, engoncée dans ses non-dits, ses règles de conduite et son hypocrisie. Les tabous doivent être brisés et la révolution contre l’ordre établi viendra du peuple, en l’occurrence des cuisines ! Stupéfiant et jouissif, rythmé par un montage alterné d’une maîtrise absolue, « Festen » donne la sensation de l’irruption d’une vérité brute.
Couronné de 28 prix internationaux, il avait reçu le Prix du jury au Festival de Cannes en 98. Quelle chance, vous pourrez (re)voir le film sur grand écran dès la réouverture des salles obscures ou si vous êtes trop impatients, sur la Cinetek pour 2,99€.
Son dernier film, « DRUNK », de loin le plus solaire et le plus accessible, est à retrouver dans les cinémas dès leur réouverture, ainsi qu’au programme des 17èmes Rencontres Cinéma et Santé du 18 au 29 janvier 2021 !
Pour aller plus loin :
Nous vous proposons de lire un super article sur la construction du film :
https://www.telerama.fr/cinema/festen,-le-premier-film-estampille-dogme,-a-20-ans,n5928271.php
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Le Dogme95 c’est quoi ?
Le Dogme95 combat le film illusionniste par un ensemble indiscutable de règles connu sous le nom de « vœu de chasteté » :
1.Le tournage doit être fait sur place. Les accessoires et décors ne doivent pas être amenés (si on a besoin d’un accessoire particulier pour l’histoire, choisir un endroit où cet accessoire est présent).
2. Le son ne doit jamais être réalisé à part des images, et inversement (aucune musique ne doit être utilisée à moins qu’elle ne soit jouée pendant que la scène est filmée).
3. La caméra doit être portée à la main. Tout mouvement, ou non-mouvement possible avec la main est autorisé. (Le film ne doit pas se dérouler là où la caméra se trouve; le tournage doit se faire là où le film se déroule).
4. Le film doit être en couleurs. Un éclairage spécial n’est pas acceptable. (S’il n’y a pas assez de lumière, la scène doit être coupée, ou une simple lampe attachée à la caméra).
5. Tout traitement optique ou filtre est interdit.
6. Le film ne doit pas contenir d’action de façon superficielle. (Les meurtres, les armes, etc. ne doivent pas apparaître).
7. Les détournements temporels et géographiques sont interdits. (C’est-à-dire que le film se déroule ici et maintenant).
8. Les films de genre ne sont pas acceptables.
9. Le format de la pellicule doit être le format académique 35mm.
10. Le réalisateur ne doit pas être crédité.
De plus je jure en tant que réalisateur de m’abstenir de tout goût personnel. Je ne suis plus un artiste. Je jure de m’abstenir de créer une « œuvre », car je vois l’instant comme plus important que la totalité. Mon but suprême est faire sortir la vérité de mes personnages et de mes scènes. Je jure de faire cela par tous les moyens disponibles et au prix de mon bon goût et de toute considération esthétique.