6 mai 2020
Point sur la Résidence artistique de Thomas Baudre
Pour sa première résidence en 2019, auparavant prise en mains par l’association Atmosphères Production (depuis 2009), Atmosphères 53 a choisi de soutenir le jeune artiste mayennais Thomas Baudre. Son projet consiste à réaliser un court-métrage d’animation sur le thème des courses hippiques. Ce temps de travail a commencé courant 2019, en commençant par l’étape d’immersion : repérages photos et dessins, rencontres de passionnés, plongée aux archives départementales, lectures et visionnages d’œuvres de référence… Atmosphères 53, au-delà du financement, accompagne le projet et aidera, bien évidemment, à sa diffusion en salles de cinéma. Le réalisateur sera aussi amené à faire des interventions scolaires pour présenter son métier et son projet.
En ces temps de confinement, point avec Thomas Baudre sur son projet de court métrage autour du monde hippique. En début d’année 2019, le thème de son nouveau projet est décidé et le scénario prend forme, à tâtons.
Suite à une opération de l’épaule droite, Thomas ne peut plus utiliser sa main droite pendant plusieurs semaines. Stand by? Non ! Il se met à lire Bras cassé d’Henri Michaux, conseillé par un ami. Dans ce récit, l’écrivain belge, au bras droit fracturé, est forcé d’utiliser son bras gauche, il découvre alors une nouvelle facette de sa personnalité, son « être gauche ». Thomas mêlera ce récit au sien et se mettra à déssiner de la main gauche pendant sa convalescence. Pas de répit pour son projet, bien au contraire !
Voici le pitch, à ce jour : Un jockey chute lors d’une course de chevaux. Opéré du bras droit et contraint à l’immobilité, ce dernier nous emmène avec lui dans une lente et douloureuse introspection, à la recherche de son « être gauche ».
Thomas Baudre, au sujet de son projet :
« L’ossature du scénario est terminée, disons sa « colonne vertébrale », je commence à entrer dans les détails. J’ai pris beaucoup de libertés par rapport au texte de Henri Michaux. J’ai procédé à un prélèvement des allégories et des métaphores employées par Michaux pour nourrir les péripéties.
Le protagoniste, dans son introspection, entame un long voyage, il parcourt les paysages à mesure qu’il parcourt son corps. On y trouve quelques références propres à la Mayenne (Craon, la forêt de Concise, l’aubépine de Saint-Mars-sur-la-Futaie, des paysages inspirés des photos de JL Trassard).
Je suis actuellement en train de terminer l’ébauche du storyboard, c’est un premier brouillon que je remanie dans le détail avant d’entamer la mise au propre (plus détaillée). Le fait de passer par ce « pré-storyboard » me prend beaucoup de temps, mais ce sera bénéfique au final. Disons que j’ai fait beaucoup d’erreurs méthodiques avec Depuis les champs, j’essaie maintenant de les éviter…
J’ai décidé de faire évoluer la « plasticité » de l’image à mesure que l’histoire avance. Il y a donc une corrélation entre le scénario et les techniques employées (sanguine, craie, fusain, peinture). Je fais donc pas mal de tests «techniques». J’ai commencé des tests d’animation aussi, pour m’imprégner des mouvements du cheval et me faire une idée du rendu au niveau des effets de peinture.
Tous ces éléments nourrissent un dossier de production que je vais terminer pour fin juin.
Au niveau de la musique, j’emploie deux extraits du Concerto pour la main Gauche de Maurice Ravel. Il a composé ce morceau pour un pianiste qui a perdu son bras droit durant la Première Guerre Mondiale. La structure du concerto entre complètement en résonance avec le texte de Michaux, c’est très inspirant!»